S’il y a bien une chose difficile à cacher à vos salariés, c’est la transmission de votre entreprise.
Tôt ou tard, les salariés souhaitent bénéficier d’un droit à l’information..
Alors l’information des salariés est-elle vraiment nécessaire lors d’un projet de transmission d’entreprise ?
On peut donc se demander s’il n’est pas intéressant de leur annoncer avant l’opération et surtout avant qu’ils ne l’apprennent par une tierce personne.
D’un autre côté, dans un monde où l’information circule très rapidement, on peut légitimement se demander s’il n’est pas judicieux de maitriser le contenu de l’information qui est donnée aux salariés ainsi que le timing.
Dans beaucoup de pays européens, la notion de confidentialité des transactions reste un sujet très sensible.
Comment concilier information légitime des salariés et confidentialité pour une transmission d’entreprise ?
Une chose est certaine, toute loi ou texte règlementaire coercitif est contre-productif en la matière.
Certains pays comme la France ont l’étrange idée de contraindre les chefs d’entreprise à informer les salariés sous un prétexte de conservation de l’emploi surtout dans les reprises d’entreprises par les salariés.
Toute contrainte est selon moi à bannir et infantilise les relations dirigeants-employés tout en ne réglant pas la question du respect de la confidentialité.
Si le chef d’entreprise informe trop tôt de son projet de transmission, les risques de divulgation du projet à des tierces personnes mal-intentionnées et notamment à des concurrents, sont très élevés.
De même clients et fournisseurs risquent d’être fragilisés s’ils apprennent très tôt, plusieurs mois à l’avance, le projet de transmission.
D’autant que l’opération n’est pas encore réalisée. Imaginez les conséquences désastreuses si vous informez tout le monde et que finalement l’opération ne se réalise pas !!
Si l’information est divulguée aux concurrents, clients, fournisseurs, cela remet en cause la survie de l’entreprise sur le court terme, car ces derniers pourraient cesser leur relation commerciale avec l’entreprise.
Les clients pourraient partir par manque de fidélisation, les fournisseurs pourraient cesser leur relation commerciale par peur de ne plus avoir la même garantie de paiement, etc.
Nous ne sommes jamais à l’abri de bruitages, et ceci s’accentue avec des employés sous contrats de courte durée (CDD, intérim, stagiaires, etc.) qui n’auront pas à vocation de racheter l’entreprise.
En informant avant l’opération vos salariés, vous prenez le risque de les effrayer ou de les démotiver en leur donnant seulement une partie de l’information.
En outre, il ne sera pas possible pour le chef d’entreprise de les tenir au courant de l’avancement de son projet de vente dans les détails, pour des questions de temps et de confidentialité.
En revanche, il peut paraitre opportun d’informer certains salariés de votre projet de transmission d’entreprise lorsqu’il s’agit d’hommes clefs que le repreneur risque de demander de rencontrer et qui doivent absolument rester dans l’entreprise après sa transmission d’entreprise. Il s’agit en effet de personnes indispensables à la survie de l’entreprise. Typiquement il va s’agir du n°2 et d’autres dirigeants incontournables.
Dans ce cas, je vous conseille de les informer le plus tôt possible de votre projet de transmission d’entreprise et non au dernier moment. Il est nécessaire que la transmission se fasse dans un climat serein et sans que vos dirigeants considèrent que vous les avez trahi.
En résumé, je ne suis pas favorable à l’information de vos salariés mais aussi clients et fournisseurs dans la plupart des opérations de transmission d’entreprise.
En revanche si vous avez des hommes clefs en interne qui finalement sont partie intégrante de l’entreprise et donc de sa valeur, il est nécessaire de les informer le plus tôt possible. Pour les salariés lambda, l’information le jour de la vente de l’entreprise nous parait suffisante.
Originally posted 2023-05-05 00:27:02.